Justification de la mission
Cette consultance externe vise à fournir au programme de Handicap International-Burundi (HI-B) une connaissance approfondie de l’approche médicale et communautaire apportée sur la problématique des fistules obstétricales via son projet ‘Femmes de l’Arrière-Cours ». Elle aidera HI-B, d’une part, à évaluer l’impact et la pertinence des partenariats développés dans le cadre de ce projet, et d’autre part, apportera des recommandations stratégiques pour assurer que HI-B mène une intervention appropriée, pérenne, qui pourra être mise à l’échelle.
Objectifs de la mission
Cette mission a pour objectifs principaux : 1. d’apporter des recommandations qui permettront à l’équipe de HI-B et ses partenaires de renforcer sa stratégie d’intervention, afin d’assurer une pérennisation et mise à l’échelle de l’approche prônée.
2. d’apporter des recommandations sur le long-terme (au-delà de 2013) qui permettront au programme de HI-B d’éventuellement étendre son champ d’action dans le domaine de la santé reproductive, maternelle, néonatale, et infantile. Questions spécifiques à traiter : • Analyse situationnelle des partenaires • Analyser l’implication et le rôle des parties prenantes du projet • Examiner les synergies opérationnelles et financières possibles avec d’autres projets de santé maternelle qui pourraient être complémentaires au projet en cours, dont ceux financés par le Programme Indicative de Coopération (PIC) de la Coopération belge, la Coopération Technique Belge (CTB), et le financement des Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) de Programme National de Santé de la Reproduction • Evaluer les mécanismes de pérennisation mis en place et faire des propositions quant à la poursuite, la réorientation des projets • Considérer divers scénarios de partenariat : avec/sans MSF, différents partenaires locaux, etc. • Faire ressortir les leçons apprises et formuler des recommandations
Un troisième objectif consistera à : 3. évaluer l’impact du projet « Femmes de l’Arrière-Cours », en ciblant en particulier la stratégie d’intervention et les partenariats internationaux et locaux développés dans le cadre de cette stratégie Questions spécifiques à traiter : • Vérifier si les activités mises en œuvre l’ont été tels que planifiées (opérationnalisation des la stratégie définie), et faire ressortir les gaps à combler • Examiner la pertinence des projets et des stratégies définies au regard des besoins des populations • Mesurer la performance des activités en termes d’efficacité (niveau d’atteinte des résultats relativement à ceux prévus) et d’efficience (les fonds investis dans les projets sont ils à la hauteur des résultats atteints ?) • Faire ressortir la contribution du projet dans la prise en charge des femmes porteuses de fistule et leur réinsertion sociale
- Etat des lieux
1.1. Présentation du programme de Handicap International
Handicap International Belgique est active au Burundi depuis 1992 et y a pour objectif d’encourager la mise en œuvre d’actions destinées à améliorer l’autonomie et la dignité des personnes en situation de handicap. Ces programmes visent également les enfants atteints de handicaps multiples. Par ailleurs, l’organisation s’est engagée à promouvoir une prise de conscience quant aux droits de la personne handicapée.
Le programme a essentiellement quatre axes : - Un axe de réadaptation à base communautaire, avec un partenariat renforcé avec les partenaires de terrain prenant en charge l’insertion professionnelle, l’éducation et l’accès aux soins ; - Un axe d’appui institutionnel aux centres de réadaptation physique, d’autonomisation de ceux-ci et de mise en réseau, tout en veillant à ce que le fonds de solidarité y garantisse l’accès des plus démunis. Il comprend également la production et distribution de tricycles sur tout le territoire. - Un axe de soutien aux associations de personnes handicapées, mise en réseau, construction des capacités et développement d’une stratégie de plaidoyer. - Un axe transversal de communication et de plaidoyer, visant la prévention du handicap, la coopération entre tous les partenaires, le plaidoyer pour un changement de mentalité et la participation aux structures tel que le PRSP, la décennie de la personne handicapée, les ateliers d’échanges interrégionaux.
Pour HI, la thématique de la santé maternelle et infantile recouvre les champs suivants : la santé de la mère pendant la grossesse ainsi que durant et après l’accouchement la santé de l’enfant depuis la conception jusqu’à l’âge de 5 ans
Dans cette thématique, nous visons : La mise en place de mesures de prévention médicales, psychologiques et sociales pour la santé en faveur des futurs parents et des enfants La mise en place d’actions de prévention, de dépistage et de prise en charge des handicaps des mères et des enfants de moins de cinq ans
2.1. Contexte du pays
La population burundaise se trouve actuellement confrontée à la difficulté de la transition entre la guerre civile, la réhabilitation des infrastructures et une politique de développement initiée par l’état burundais. Le délitement des institutions et des politiques publiques a accru la vulnérabilité de l’ensemble de la population, dont une partie est réfugiée dans les pays frontaliers (Tanzanie principalement) et une autre déplacée à l’intérieur du pays.
La progressive stabilisation politique du pays entamée avec le processus d’Arusha a permis le retour des institutions internationales chargées de soutenir les initiatives de développement. Le secteur sanitaire a été défini comme un secteur prioritaire par le gouvernement burundais et le Fonds Européen de Développement, notamment avec le lancement du projet Santé Plus concernant les provinces les plus à l’est. Cependant la mise en œuvre de projets de développement sanitaire se heurte àl’insuffisance et à la concentration du personnel médical spécialisé à Bujumbura, la capitale.
Les groupes les plus vulnérables, notamment les femmes et les nouveau-nés déjà fragilisés par la prévalence du paludisme et de l’anémie (56% des femmes enceintes des enfants de moins de 5 ans souffrent d’anémie selon l’UNICEF), sont les premiers à pâtir de cette absence de personnel qualifié. L’OMS estime ainsi à 20% la part des accouchements assistés par des personnels de santé, cette proportion étant certainement moindre dans les provinces du projet Santé Plus compte tenu de la concentration de l’offre de soins à Bujumbura. Cet état de faiblesse des parturientes entraîne souvent une augmentation de la gravité des complications liées à l’accouchement. Ces complications les plus souvent répertoriées par les médecins sont les hémorragies de la délivrance, les éclampsies, les grossesses extra utérines, et expliquent le taux de mortalité maternelle estimé entre 800-1300/ 100 000 naissances vivante selon l’OMS (in « Stratégie De Coopération De L'OMS Avec Les Pays, République Du Burundi, 2005-2009»). De plus, le ratio de mortalité maternelle burundais est un des ratios les plus élevés au monde et pour chaque femme qui meurt, on estime que 20 autres survivent avec des séquelles handicapantes à long terme.
Ce taux élevé de mortalité et de morbidité peut être attribuée à trois types de délais principaux : le délai qui a lieu avant le décèlement d’une complication ; le délai avant l’atteinte d’un centre de santé ; et le délai avant de recevoir des soins appropriés et de qualité. En agissant au niveau de ces délais, nous pouvons réduire les conséquences fatales et handicapantes pour les femmes et les nouveau-nés.
Même si une décision présidentielle du 16 juin 2006 a instauré la gratuité des soins de santé pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes, beaucoup de femmes continuent d’accoucher à domicile dans des conditions très difficiles.
1.2. Projet « Femmes de l’Arrière-Cours » Les fistules obstétricales ou fistules vésico-vaginales (FVV) sont le 2ème drame de l’accouchement dans les pays à faible revenu. Cette pathologie devenue exceptionnelle en Occident est le résultat d’une prise en charge des accouchements difficiles (dystocies) par du personnel médical et paramédical trop peu expérimenté. Les conséquences sont dramatiques pour la patiente, car elle est répudiée par le partenaire et la famille, et elle devient très rapidement une exclue sociale. Même quand elle se présente dans une structure sanitaire très peu de personnel de santé peut l’aider et la traiter de façon efficace et durable et vu la mauvaise odeur due à son état de perte d’urines 24h/24 un traitement ou une hospitalisation exige un quasi-isolement des autres malades.
Le projet s’articule autour de plusieurs axes : - la Prévention - la Prise en charge chirurgicale - la Prise en charge rééducative et le soutien psychologique - le Plaidoyer pour une prise en charge financière
Objectif général : Améliorer la condition des femmes du Burundi en luttant contre la mortalité et la morbidité maternelle
Objectif spécifique : L'accessibilité des soins et la qualité de la prise en charge obstétricale sont améliorées
Résultats attendus 1. La qualité des soins et de l'offre des services de santé de la reproduction est améliorée 2. L’accessibilité aux soins et aux services de Santé de la reproduction est facilitée. 3. Les communautés adoptent un changement de comportement adéquat dans la prise en charge globale des grossesses.
- Critères de consultance
Période: 15 jours
Zones géographiques: Gitega et Bujumbura
Appui HI : Soutien technique et logistique des bureaux de Bujumbura et Bruxelles. L’accompagnement sur le terrain se fera par la Directrice de programme, Caroline Duconseille.
Budget total : 5.800 € toutes charges comprises
Profil du Consultant : • Etre titulaire d’un diplôme d’études supérieures en santé publique, sciences médicales et/ou sociales (bac + 5 minimum) ; • Avoir une Expérience d’au moins 3 ans dans la réalisation d’évaluation de projet en matière de santé de la reproduction et sur des projets de développement ; • Avoir au moins 3 ans d’expérience professionnelle en Santé de la Reproduction • Une bonne maîtrise du français et une capacité rédactionnelle avérée • Valeur ajoutée : présence dans la région d’Afrique centrale
La sélection de l’évaluateur se fera sur base des critères suivants : Expertise sur la thématique et les questions à traiter (40%) Connaissance du Burundi (20%) Méthodologie proposée (30%) Budget proposé (10%)
- Méthodologie
L’approche méthodologique sera proposée par le/la consultant(e), et sera validée par HI-B. Cette approche devrait intégrer une analyse situationnelle, des entretiens avec le Ministère de la santé et avec les partenaires potentiels locaux et internationaux ; une visite du projet sur le terrain ; des structures de santé ; et une revue des données récoltées par le projet.
Résultats attendus Le/la consultant(e) fournira les produits suivants : Une restitution orale à Bujumbura à mi-parcours, afin de présenter les premières conclusions et recommandations au staff HI-B et aux partenaires Un rapport écrit provisoire sera envoyé au plus tard 5 jours après la fin de la mission sur le terrain. Le rapport final sera envoyé 5 jours après réception des commentaires HI-B sur le rapport provisoire. Le rapport final sera rédigé en français, suivant le canevas de rapport qui sera fourni par le consultant et validé par HIB, et sera envoyé électroniquement au Directeur du Programme HI-B à Bujumbura, au Référent Programme basé à Bruxelles, et au Conseiller en santé communautaire basé à Bruxelles.
Calendrier de mission
A déterminer.
Veuillez soumettre votre candidature en nous envoyant les documents suivant: Le curriculum vitae L’approche méthodologique Le budget Les disponibilités pendant la période de janvier-mars 2012. A l'attention de Monique Ferguson: monique.ferguson@handicap.be
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